Eté 2015 - Le témoignage du prophète Esaïe

"J’entendis le Seigneur qui disait : Qui enverrai-je ? Qui ira pour nous ? Je répondis: Je suis là, envoie-moi " (Es 6, 8)

Dans le cadre du thème de l’église « être témoin », je me suis posé cette question : « Quelle est en définitive la vraie motivation qui nous pousse à être des témoins de l'Evangile ? ».

Quand Dieu appelle le prophète Esaïe à travers une extraordinaire vision, celui-ci répond de suite, sans hésitation et sans conditions. Les versets qui suivent la réponse positive du prophète expliquent ce que serait la mission du prophète (vts 9-13) : annoncer le royaume de Dieu, mais aussi son jugement et l'avènement du Messie. Pour cette raison, Esaïe sera appelé "le prophète de l'évangile". Cela n'était pas une mission facile mais plutôt une mission très difficile et dangereuse. Il n'a pas été appelé à être un célèbre prédicateur ou un chanteur adulé des foules. Il fut appelé à une mission qui devait durer 50 années, au milieu d'un peuple qui a refusé majoritairement d'entendre la voix de Dieu (un peu comme aujourd'hui), une mission qui lui coûtera la vie puisque selon la tradition juive il fut torturé et tué, puis scié en deux (cf. Hb 11, 37), certainement pendant la persécution provoquée par le roi Manassé.

Il savait que sa mission serait difficile, qu'il serait lui même rejeté et persécuté, pourtant il a accepté. Comment peut on s'engager dans une telle galère en sachant qu'on va, quoi qu'il en soit, souffrir ? Je pense que la clé est dans les versets précédents (Es 6, 1-7). Esaïe avait la vision de la grandeur et la puissance de Dieu. Mais surtout de sa sainteté. Une terrible image : les séraphins (êtres angéliques) doivent couvrir leur visage parce qu'ils ne peuvent pas voir le Dieu trois fois saint. Et ils ont crié de sorte que les fondations tremblaient: «…Saint, Saint, Saint est l’Eternel des armées, toute la terre est pleine de sa gloire ! ». Qui peut tenir devant la présence de Dieu et ne pas tomber mort ? Personne. Personne ne peut supporter la sainteté de Dieu. Esaïe se sentait indigne et pécheur au point qu'il pensait qu'il allait mourir (vt 5). Alors, voyant sa vraie repentance, Dieu enlève sa faute, pardonne son péché (vt 6-7) et commence à lui révéler la mission qu'il attend de son prophète.

Que pouvons-nous déduire de l'expérience d'Esaïe ? Esaïe a eu la révélation de :

• La sainteté de Dieu : rien ne peut et ne doit lui être comparé.
• Son indignité au sens fort du terme "indigne" : aucune possibilité de s'approcher de Dieu en dehors de la repentance et de la réception de la grâce de Dieu.
• La grâce de Dieu : seul le pardon de Dieu a le pouvoir de me réhabiliter et de m'introduire dans sa présence glorieuse.

Je pense que là est l'expérience de la VRAIE adoration. L'adoration biblique dépasse le stade de la gestuelle et de l'émotionnel : lever les mains, s'agenouiller, fermer les yeux, pleurer etc... Tout cela n'a en soi rien de mauvais bien évidemment mais ne confondons pas un acte d'adoration (son expression) avec l'adoration elle même[i]. L'adoration biblique est en ses fondements un profond désir de soumission inconditionnelle à Dieu, autrement dit une attitude globale de la personne qui va l'engager totalement pour celui qu'elle adore. Cette adoration se traduit systématiquement et de façon concrète par une vie d'obéissance et de soumission à Dieu et à ses directives pour sa vie de tous les jours. Quand j'adore réellement le Dieu trois fois saint, alors mon âme est prête à répondre sans hésitation à son appel. Le N.T. considère qu'il n'y a pas de séparation entre des zones dites "sacrées" de l'existence et des zones "profanes". Les textes du N.T. nous invite au contraire à un type d'engagement qui englobe toute l'existence humaine, ce qui est bien plus stimulant mais il faut bien le reconnaitre aussi bien plus exigeant... Un exemple : quand je remplis ma feuille d'impôt je suis tout autant un adorateur que lorsque je prie, jeûne ou chante à l'église le dimanche matin. Voilà ce qu'exprime ce verset si souvent mal interprété " Mais le moment vient, et il est même déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité ; car tels sont les adorateurs que veut le Père. Dieu est Esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité. » (Jn 4, 23-24)

La qualité de notre témoignage est proportionnelle à la vision que nous avons de la sainteté de Dieu. La façon dont nous témoignons est une indication précise de la relation que nous avons avec le Dieu trois fois saints. L'engagement à témoigner du Christ ne calcule pas les risques et les pertes, même si ces pertes peuvent être sa propre vie. Nos frères et sœurs qui souffrent actuellement de la persécution et du harcèlement à cause de leur foi sont un excellent exemple.

J'ai récemment perdu ma mère, un autre bel exemple de foi, de prière et de témoignage et je peux affirmer qu'elle « a combattu le bon combat, elle a achevé la course, elle a gardé la foi » (2Tm 4, 7-8). Pour nous qui sommes vivants, nous avons encore un bout de route à parcourir, nous devons "achever la course" avec un esprit bien disposé, "garder la foi" avec un esprit d'adorateur, "combattre le bon combat" en étant soumis à Dieu.

Je souhaite adorer comme le prophète, je veux être un bon témoin, je veux vivre la même impulsion que le prophète et répondre moi aussi à Dieu : « Je suis là, envoie-moi » 

P.E. & T.R.

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