Novembre 2013 - Quand nous deviendrons vieux
Il y a quelques temps, j'écoutais un CD sur lequel figurait cette chanson :
Vieux ( Saule ) Il nous faudra plus que des mots Pour tuer notre solitude Il faudra nouer les cœurs gros La route sera rude.
Là où nous allons, il n'y a pas De place pour les âmes en peine Et les mamans ne borderont pas ceux qui tomberont dans le sommeil
Il n'y aura que le ciel Pour faire briller nos yeux Et on perdra nos ailes Quand nous deviendrons vieux
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Il n'y aura plus le sourire D'une belle inconnue Il n'y aura plus de désir A peine quelques reflux
Le ronron d'un chien fatigué La nuit nous bercera Devant la télé allumée Un jour on s 'éteindra
Il n'y aura que le ciel Pour faire briller nos yeux Et on perdra nos ailes Quand nous deviendrons vieux
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Quelle tristesse et quel désespoir dans ces paroles ! C'est donc cette solitude, ces regrets qui nous attendent. Alors je comprends mieux ce vent de jeunisme qui flotte dans notre société actuelle. Avez-vous vu le choix qui s'offre à vous si vous voulez lutter contre vos rides, contre vos cheveux blancs, contre vos muscles qui se ramollissent, contre le ronron quotidien ? N'avez-vous pas dans votre entourage des gens qui regrettent le temps de leurs 20 ans ? Qui ont peur de voir leurs enfants vieillir ? Qui s 'assombrissent à l'approche de leur anniversaire ? Et puis j'ai glissé dans mon lecteur CD le dernier album de Théozed et voilà ce que j'ai entendu :
Quand j'étais vieux J' m'attendrissais des jeunes cons Leurs dents rayant le goudron A force de vouloir gagner Au mieux une poignée de picaillons une petite réputation Une place dans la société Cette société que je quitte
Je prenais le temps de penser Prenais le temps de regarder j'étais si près du bord j'avais apprivoisé la mort j'avais compris que rien ne pouvais me séparer De l'amour de mon Dieu Quand j'étais vieux
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Quand j'étais vieux j'agrémentais mes souvenirs De quelques gouttes de collyre Qui faisaient un peu briller mes yeux C'est marrant comme ça attire Ces hier qui vous déchirent Dans du papier doré Car les souvenirs, ça se pare
Je prenais le temps d'excuser prenais le temps de pardonner Le temps ne me permettait pas De me tromper de combat Je préférais diriger mon regard fatigué Dans les yeux de mon Dieu Quand j'étais vieux |
Un même thème, deux chanteurs de la même génération mais un regard différent. Pas question de solitude, mais bien au contraire d'une intimité de plus en plus profonde entre un homme et son Dieu. Quelques regards en arrière, mais bien avant tout la joie d'avoir gagné en sagesse.
Et nous, quel est notre regard face au temps qui passe ? Quels sont nos projets ? Quelle est notre espérance ? Pensons-nous comme Saule que nous perdrons nos ailes quand nous deviendrons vieux ? Pourtant il est dit « Les adolescents se fatiguent et les jeunes hommes trébuchent bel et bien; Mais ceux qui espèrent en l' Eternel renouvellent leur force. Ils prennent leur vol comme les aigles » (Es 40, 30-31).
D'autre part, l'apôtre Paul nous encourage à croitre dans la connaissance de Dieu plutôt qu'à stagner ou à se contenter de préserver les acquis (Cl 1, 10). Avons-nous cette soif de le connaître toujours davantage ? Ce désir d'entretenir et d'approfondir notre intimité avec notre Dieu ?
Oui nous allons changer, nos proches vont changer, le monde qui nous entoure va évoluer mais le Seigneur, lui, reste fidèle et toujours le même « Je resterai le même jusqu'à votre vieillesse et je vous soutiendrai jusqu'à vos cheveux blancs » (Es 46, 4)
S.B.