Juin 2011 - Heureux, riches et saints (Mt 13 : 44-46)

« Voici à quoi le règne des cieux est semblable: un trésor caché dans un champ; l’homme qui l’a trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a pour acheter ce champ-là. Voici encore à quoi le règne des cieux est semblable : un marchand qui cherchait de belles perles. Ayant trouvé une perle de grand prix, il est allé vendre tout ce qu’il avait pour l’acheter. »

Lorsqu’on lit ces deux paraboles, on a tendance à les survoler. On se rend bien compte du trésor que représente le royaume de Dieu, de la valeur de la perle de grand prix, du comportement radical des personnages mais on minimise le bonheur et la joie qui les poussent à tout dépenser pour acquérir ce trésor. Jésus a voulu mettre en avant le caractère incomparablement précieux du Royaume, et le fait que nous devrions être prêts à tout laisser pour le suivre. Cependant, le bonheur et la joie des personnages qui les poussent à tout dépenser pour acquérir ce qu’ils estiment comme extrêmement précieux devraient aussi nous interpeller.

Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a exposé à ses disciples une charte du Royaume bien plus exigeante que la justice des scribes et des pharisiens (Mt 5.20). Ce qui est frappant, c’est qu’il a utilisé le terme « heureux » (gr. makarios). Les béatitudes sont des promesses de bénédictions à ceux qui sont dans le Royaume. Les caractéristiques de ces derniers, pauvreté en esprit, vraie humilité, repentance, douceur, faim et soit de justice, miséricorde, pureté de cœur, nous rappellent que Jésus ne promet pas en premier lieu la prospérité matérielle et le confort. Jésus promet à la fois une joie présente « Ils sont heureux »^¹et des récompenses futures « car ils seront consolés… hériteront la terre… seront rassasiés ». Cela nous montre quelles sont les Vraies richesses (le trésor, la perle de grand prix) qui appartiennent à ceux qui vivent sous son règne.

En ce qui concerne nos besoins ici-bas, Jésus a dit de ne pas nous inquiéter, de faire confiance au Père qui nous donnera tout par-dessus si, comme les personnages des paraboles, nous sommes fermement résolus à chercher avant tout le Royaume et sa justice (Mt 6.33). Cela devrait nous interpeller sur nos motivations, nos priorités et le sens de notre vie. Très souvent nous lisons l’Évangile avec un regard déformant. Nous mettons en avant le coût de l’engagement (tout dépenser, tout laisser tomber). Nous voyons Dieu comme un « homme dur » (Mt 20.24) et exigeant, nous croyons alors que pour le satisfaire et répondre à ses attentes il nous faudra faire des efforts énormes. Mais, voilà : nous avons aussi des besoins, des obligations et des soucis. On se dit alors qu’on n’a pas assez de temps et d’énergie pour tout mener de front.

Notre problème, c’est que nous sommes comme le roi Dagobert, nous mettons tout à l’envers.

Jésus, commence à nous dire que nous sommes bénis et heureux, pas lorsque nous parviendrons au salut dans le futur, mais ici et maintenant, car le Royaume de Dieu est à nous (Mt 5.3, 10). Jésus nous l’a acquis à grand prix et toutes les promesses du Royaume sont à nous en lui (2 Co 1.20). Elles se saisissent par la foi qui vient de la révélation de la Parole de Dieu qui nous fait voir Dieu tel qu’il est vraiment (saint, juste, compatissant, plein de bonté et de fidélité, généreux) et toutes ses merveilleuses promesses. Elles sont expérimentées par l’Esprit qui rend cette Parole vivante en nous, qui nous permet de l’appliquer à nos vies et de porter du fruit pour Dieu (= de vivre une vie sainte à la gloire de Dieu). En d’autres termes, richesse (vraie richesse), bonheur et sainteté sont les trois mamelles de notre vie chrétienne. Nous sommes infiniment riches en Christ, tout nous a été donné en lui. Le bonheur et la joie qui caractérisent Dieu lui-même nous sont donnés en tant qu’enfants de Dieu pleinement aimés et adoptés en J.-C, pouvant jouir librement et gratuitement de toutes ses bénédictions. La sainteté donnée en Christ, et vécue en lui dans la croissance spirituelle est à la fois la source et le résultat de ce bonheur (et inversement).

L’Évangile nous dit donc : le Royaume vous a été acquis. Vous êtes déclarés infiniment riches, heureux et saints. Profitez-en ! Jouissez-en ! Goûtez que Dieu est bon. Entrez dans le bonheur et la joie du Seigneur. Délaissez les satisfactions temporelles, éphémères, terrestres et souvent souillées de ce monde. Ne vous inquiétez pas pour votre vie ici-bas. Dieu règne ! A lui toute la gloire ! Alléluia !!!