Septembre 2016 - Des mots qui vont très bien ensemble

Et si on faisait des trois mots "Joie - Simplicité - Miséricorde" le mot d'ordre pour cette rentrée 2016-2017? Trois mots qui vont très bien ensemble car ces valeurs chrétiennes interagissent l'une avec l'autre. Quand la joie du Seigneur me traverse les relations humaines sont plus simples, non pas que tous les problèmes disparaitraient comme par enchantement mais je me sens plus "léger", plus serein et tout se désembrouille plus naturellement. Cette simplicité dans l'approche du prochain me facilite la relation, elle me prédispose à son tour à faire grâce plus facilement et cela me procure une joie qui me surprend tant elle surgit naturellement, preuve de son authenticité.

Trois mots à redécouvrir car abimés, contournés, dénaturés. La joie ne serait elle que jouissance, plaisir, hilarité? Quant à la simplicité on la confond avec l'ignorance voire même la médiocrité. Enfin le terme même de "miséricorde" fait sourire nos contemporains qui y voient plus de la naïveté ou de la faiblesse qu'une expression authentique d'amour bienveillant et gratuit. NON ! trois fois non !

- La joie chrétienne est la joie du salut en Christ, elle est un don que notre Seigneur nous donne et que le St Esprit atteste dans nos cœurs. Même si notre péché à comme parasité ce don, l'évangile nous encourage à prendre une part active dans cette joie en marchant avec Jésus et en nous réjouissant de son salut " il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur repentant... "

- La simplicité est celle qu'enseigne Jésus à ses disciples "soyez simples comme des colombes..." (Mt 10, 16) c'est la qualité de ce qui n'est pas "composé" ou "mélangé" avec quelque chose qui dénaturerait l'original, ce que la Bible qualifie ailleurs de "pur". Nous aspirons à des relations "simples" dans ce sens que nous souhaitons que nos paroles, nos regards, nos attentes les uns les autres ne soient pas entachés d'hypocrisie, de lourds préjugés et de calculs s'interposant comme un écran de fumée entre nous.

- Enfin la miséricorde est fondamentale dans l'esprit de l'évangile et dans la vie de Jésus : poser des actes de miséricorde consiste à faire grâce aux autres comme Dieu nous a fait grâce en Jésus. Nos actes de miséricorde proviennent de la générosité que nous avons découverte en Jésus. Dieu est généreux en ce sens qu'il nous a donné son Fils comme preuve de son amour. A notre tour, nous voulons exprimer cette générosité en posant des actes de miséricorde : compassion pour la misère de l'être humain que Dieu met sur notre route, courage d'accorder le pardon à l'offenseur, aide et solidarité aux plus démunis, ouvrir nos mains et laisser le don s'échapper librement, indulgence et tolérance, écoute et attention, refus de l'indifférence et accueil de la différence etc... En définitive une vie de miséricorde consiste à ouvrir son cœur à toutes les indigences aussi bien celles de l'âme que du corps.

Trois mots à vivre au sein de notre communauté de "La Chapelle" et au-delà bien évidemment, trois mots à redécouvrir, à dépoussiérer. Dans le long voyage d'une vie chrétienne (surtout pour celles et ceux qui se sont convertis dans leur jeunesse), il y a de fortes probabilités que la joie, la simplicité et la miséricorde soient partiellement perdues. Peut être que la joie nous a quittés parce que nous nous sommes compliqués l'existence, peut être que nous avons pris de la "distance" comme on dit pour réfléchir ou pour se protéger. Peu importe les raisons, sauf qu'aujourd'hui nous ne nous y retrouvons plus, la distance en question nous a éloigné de la joie - simplicité - miséricorde du Seigneur, nous avons perdu cette joie simple, innocente qui nous habitait alors, nous ne nous reconnaissons plus, notre miséricorde ne s'applique plus qu'à ceux que nous estimons devoir la mériter. Etrange évangile qui s'est emparé de nous et qui s'est substitué à l'évangile de la grâce. Retour d'un légalisme naturellement chevillé à la nature humaine. En fin de compte, il est possible que notre vie chrétienne se fane comme ces fleurs posées sur les pierres tombales. Certes elles sont bien la preuve d'un amour personnel et d'un attachement mais ces fleurs ont vieilli, elles ne dégagent plus aucun parfum, elles n'expriment plus la vie qui les animait autrefois.

Avouons-le, nous avons adopté une sorte de culture chrétienne évangélique, basée sur des interdits et une morale à respecter gentiment codifiée. L'essentiel est sauf, la vitrine est propre... c'est pas si mal. Oui, sauf que c'est à une réelle repentance que nous sommes appelés, à un décentrement, un retournement de soi pour un retour à la maison du Père, vers celui qui est la générosité même "allez et apprenez ce que veut dire je prends plaisir à la miséricorde...". Si nous voulons que nos dons et notre service portent du fruit pour la vie éternelle, que des hommes et des femmes de tous bords soient touchés par la grâce de Dieu, reprenons à nouveaux frais ces valeurs de l'évangile que sont la joie, la simplicité et la miséricorde et laissons nous toucher par cette grâce libératrice.

T. & R. R.