Juin 2016 - "Combattre pour la foi"

Cette expression n'est pas tirée d'un manuel d'endoctrinement pour djihadistes mais de la Bible, plus précisément de la lettre de Jude ou nous lisons au verset 3 « Bien-aimés, comme je consacrais tous mes efforts à vous écrire au sujet de notre salut commun, j’ai été contraint de le faire afin de vous encourager à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes ». Dans le contexte de notre monde contemporain dont la vision est essentiellement matérialiste, cette épitre semble nous plonger dans un autre monde car il y est question d’anges déchus, de villes dont les habitants veulent avoir des relations sexuelles avec des anges (vt.7), d’un archange disputant au diable la dépouille de Moïse (vt.9). En fait, le monde décrit dans cette épitre est bien réel, c’est bien le monde créé par Dieu, mais c’est le monde total, le monde terrestre et céleste, le monde visible et invisible, un monde qui échappe au regard de nos contemporains mais qui est pourtant Le monde tel que Dieu l'a créé.

Cette vision biblique du "monde-total" nous donne à comprendre que nous faisons face à des enjeux spirituels qui nous dépassent mais qui sont bien réels. Une lutte est engagée et nous sommes conduits que nous le voulions ou non dans un combat sans merci contre le péché. Un combat à la fois au cœur de nos vies (mauvaises habitudes, comportements ambigües, relâchement moral, tiédeur spirituelle etc...), un combat aussi contre les assauts répétés et subtils de puissances invisibles qui dans ce monde veulent renverser les valeurs et la vérité de l'évangile. Pour cette raison nous ferions bien de prêter attention à ce que nous dit l'auteur de l'épître aux hébreux : "Débarrassons-nous donc de tout ce qui alourdit notre marche, en particulier du péché qui s'accroche si facilement à nous, et courons résolument la course qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus, dont notre foi dépend du commencement à la fin." (Hb 12, 1).

Pour faire court, nous sommes en guerre et c'est ce sentiment d'urgence qui contraint Jude à écrire cette exhortation musclée à ses frères « J’ai été contraint de le faire » (vt 3). Jude a été placé devant la « nécessité » d’écrire à ses frères. Cette expression montre à quel point la situation demande une réaction rapide et énergique de sa part. Pour autant, ne cédons pas à la panique, l'urgence en question ne doit surtout pas nous rendre fébrile mais plutôt lucide, intelligent puis prompt à l'action. Pour cela, il faut donc du courage car après avoir mesuré la réalité des forces en présence, il nous faudra « monter au créneau », il nous faudra bien combattre. Jude veut « exhorter » ses frères, les avertir et leur enseigner ce qui concerne la « Foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes ». Pour cela, il s'adresse à toute la communauté et non pas à quelques personnes responsables, c’est l’affaire de tous car c’est la Foi transmise aux saints qui est attaquée. En effet, la Foi en Jésus Seigneur et Fils de Dieu concerne tous les chrétiens et il ne s'agit pas simplement d'une question de formulation doctrinale, une virgule déplacée dans une confession de Foi mais de l'unique FOI, celle qui témoigne de Jésus Christ dans tout ce qu'il est, sa sainteté, sa vérité, sa justice, son amour, son intégrité et sa fidélité par rapport à son Père. Cette FOI doit être la nôtre, elle témoigne de tout ce que nous devons être à la suite de notre maître « Si le monde a de la haine pour vous, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait... vous n'appartenez plus au monde : c'est pourquoi le monde vous hait. Rappelez-vous ce que je vous ai dit : Un serviteur n'est pas plus grand que son maître. Si les gens m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s'ils ont obéi à mon enseignement, ils obéiront aussi au vôtre » (Jn 15, 18-20)

Notre verset de Jude 3 dit précisément « Combattre pour la foi » : nous devons non pas combattre contre mais pour la Foi. C’est un combat positif  qui ne s'enquière pas de ceux qui sont contre, un combat positif qui ne perd pas de temps à discuter contre. Le temps est compté et les discussions contre pourraient nous en faire perdre. Un combat certes qui peut être fatiguant et demander de la persévérance mais un combat pour les valeurs de l'évangile, un combat pour la sainteté, un combat pour la personne de Jésus, un combat pour le témoignage de ce que signifient la mort et la résurrection de Jésus, un combat pour la Bible parole inspirée de Dieu. C’est aussi un combat passionnant qui nous élève, nous construit, nous transforme positivement, car l'expression "Combattre pour la foi" ne doit pas prêter à confusion, ce combat n'est pas le nôtre au sens où les armes avec lesquelles nous combattons sont spirituelles, nous ne sommes pas des croisés, des fanatiques de Dieu, notre force est l'amour de Dieu et la vérité de l'évangile, là s'arrête l'analogie.

Si l'Eglise et tous ses membres doivent combattre pour la foi, cela implique d’être au clair sur notre Foi commune, d'ailleurs n'est-ce pas "la Foi transmise aux saints une fois pour toute" ? Cela implique aussi d'en connaitre les conséquences pratiques puisque cette foi qui nous a été transmise nous devons à notre tour la transmettre à ceux qui nous suivent, c'est notre responsabilité en tant qu'Eglise de Jésus Christ. Combattre pour la foi c'est garder la foi, lui être fidèle aussi bien dans la doctrine que dans le comportement. L’apôtre Paul exhorte son fils spirituel Timothée à « mener le beau combat, en gardant la foi et une bonne conscience… Timothée, garde ce qui t’a été confié, souffre avec moi pour l’évangile qui nous a sauvés, garde le bon dépôt qui t’a été confié, dispense avec droiture la parole de la vérité, demeure en ce que tu as appris, proclame la Parole car il viendra un temps où les gens ne supporteront plus l’enseignement sain » (I & II Tm). Sur quel critère devenons nous juger de notre fidélité à Jésus ? L'apôtre Paul répond à cette question en décrivant son état spirituel à la fin de sa vie qu'il compare à une course « voici le moment où ma vie va être offerte à Dieu comme un sacrifice. Je vais bientôt mourir. J'ai combattu le beau combat, j'ai fini ma course, j'ai gardé la foi. Et maintenant, le prix de la victoire m'attend. C'est la juste récompense que le Seigneur, le juste juge, va me donner le jour du jugement. Il me la donnera à moi, mais il la donnera aussi à tous ceux qui attendent avec amour le moment où il paraîtra. » (II Tm 4, 6-8)

Comment « combattre pour la foi » ?

- Par un approfondissement de notre compréhension de l’évangile : une bonne compréhension de l’Evangile est la base pour transformer nos vies de fond en comble « Soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu » (Rm 12, 2)

- Par la transformation continuelle de nos vies : accueillir l’Esprit saint pour lui donner tout l’espace et toute la liberté de nous remettre en question sur notre comportement, nos émotions, nos pensées, nos habitudes « Mais vous, amis très chers, construisez votre vie sur votre foi très sainte. Priez avec l'aide de l'Esprit Saint. Restez dans l'amour de Dieu. Mettez votre confiance en notre Seigneur Jésus-Christ. Dans sa bonté, il vous donnera la vie avec Dieu pour toujours » (Jd 20-21)

- Par une vie communautaire chrétienne toujours plus authentique et fidèle : « Ayez pitié de ceux qui n'ont pas une foi solide. Sauvez-les en les éloignant du feu du jugement. Ayez aussi pitié des autres. Mais attention, évitez tout contact avec eux : même leurs habits sont salis par leurs mauvaises actions! » (Jd 22-23)

En conclusion, l'expression "combattre pour la foi" est adressée à toute la communauté chrétienne pour l'avertir de 3 déviances possibles :

1)      L’abandon de la foi telle que l’ont enseignée les apôtres : l'infidélité doctrinale

2)      L’orgueil spirituel : l'orgueil commence par de l'indifférence à l’égard des frères et sœurs, il se mue en suffisance et se termine par le jugement et le mépris.

3)      Les désordres de vie : On essaye de concilier la vie chrétienne aux standards d’une société non chrétienne (relations sexuelles hors mariage, banalisation de l’homosexualité, tricheries professionnelles en tout genre, placer son plaisir dans une culture du siècle présent très éloignée des valeurs bibliques, loisirs omniprésents, licence morale et compromission en tous genres, relâchement dans l'éducation parentale).

Avons nous pris la mesure de ce qu'est la réalité du péché ? Dernièrement en écoutant un conférencier dire "Quand nous péchons nous crachons au visage de Jésus ! " j'avoue avoir été étonné par ce propos mais en fait ma réaction n'est-elle pas la conséquence de mon refroidissement spirituel, ma somnolence spirituelle ? Mon étonnement, n'est-il pas le fruit d'une absence, celle d'une relation profonde avec ce Dieu trois fois saint ? Nous entendons souvent "de toute façon nous pêchons tous" ah quelle lucidité, quel réalisme. J'ai moi même prononcé souvent, trop souvent cette phrase. Je ne suis pas convaincu que ce slogan va nous aider à lutter efficacement pour la foi et contre le péché. D'abord parce que nous le savons bien assez (et complaisamment), il n'est donc pas utile de se rabâcher que nous pêchons tous, cela pourrait être contre-productif et banaliser le fait. D'autre part, le bon sens évangélique voudrait qu'on se le dise d'abord pour soi. Enfin, parce que cette phrase qui passe pour du réalisme est en définitive une sorte de consensus complice qui conduit tôt ou tard, dans une société permissive comme la nôtre, à la justification de petites déviances qui finissent par de graves errements.

 

Frères et sœurs il est temps de revenir au Seigneur de tout notre cœur pour le combat pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.

 

 

 

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